08/08/2011

Pour qui le maire nous prend-il donc ?

Et voici donc le maire Boucher nous livrer une autre de ces cabrioles politiques dont lui seul a le secret. À la limite, peut-être pourrait-on même dire que l'on commençait presque à s'en ennuyer.

En fait, de telles manœuvres semblent devenir si typiques de son administration qu'on pourrait peut-être même leur trouver un nom, pourquoi pas celui de « boucheries », d'autant plus qu'elles se semblent généralement avoir d'autre but que de charcuter toute forme d'opposition politique, un peu à la manière des dirigeants d'états totalitaires ou fascistes, finalement.

D'ailleurs, tout comme d'autres dirigeants politiques pour qui tous les moyens sont bons en autant qu'ils leur permettent d'arriver à leurs fins, le maire Boucher paraît ne pas même hésiter à recourir à la mauvaise foi, du moment où cela peut lui conférer un certain avantage pour ce qui est de regagner la faveur de l'opinion public, du moins selon ses propres calculs.

Car en effet, n'est-il pourtant pas le premier à rappeler à qui veut l'entendre qu'il ne faudrait surtout pas commencer à comparer « des pommes et des oranges »? Et en tant qu'ex-professeur de mathématiques, ne serait-il pas sensé être le premier à savoir éviter un tel piège de débutant pour ce qui est de savoir interpréter les chiffres ?

Car comme on peut le voir dans l'article suivant, paru dans la dernière édition du Progrès-Dimanche, le maire se plaindrait donc que l'on brosse un portrait injuste de son administration, dans la mesure où l'on affirme que l'endettement municipal per capita y est de 3250 $, ce qui en ferait donc l'un des plus élevés du Québec. Il procède ensuite, et ce sans aucune gêne, à décrire une nouvelle méthode de calcul selon laquelle, comme on peut bien sûr s'en douter, les finances municipales de l'Anse-Saint-Jean sembleraient alors en bien meilleure position. Il s'agit de tout simplement incorporer les citoyens non résidents dans le calcul de la dette, de sorte que celle-ci, lorsque présentée selon la formule « per capita », se trouve donc à être divisée par un plus grand nombre de personnes, et donc à se voir ainsi réduite comme par magie, au point de ne plus représenter, en l'occurence, que la moitié du montant initial.

Or si l'Anse-Saint-Jean se trouve à être avantagée par une telle méthode de calcul, pense-t-on vraiment qu'il n'en serait pas de même pour les autres municipalités, si la même méthode de calcul se voyait justement employée aussi dans leur cas ? Autrement dit, le maire Boucher croit-il réellement que l'Anse-Saint-Jean soit la seule municipalité où l'on retrouve des citoyens non permanents, et où l'inclusion de ces derniers lors du calcul de l'endettement ne pourrait donc faire autrement que de produire un résultat sensiblement différent ? Et d'ailleurs, puisque l'on sait que le nombre de citoyens non résidents de l'Anse s'avère en fait très important, soit pratiquement équivalent à celui des citoyens résidents, le fait d'inclure ces derniers dans le calcul de l'endettement per capita de ce village, et de ce village seulement, ne se trouve-t-on pas ainsi à ne faire que fausser d'autant plus la comparaison à la situation financière des autres villages, justement ? Ou autrement dit, un tel stratagème ne s'avère-t-il pas alors d'autant plus pernicieux ?...

Tout cela, c'est bien merveilleux, mais peut-on seulement nous expliquer en quoi consiste un tel cirque, au juste ? À comparer des chiffres obtenus de par une certaine méthode de calcul avec d'autres obtenus de par une autre méthode de calcul ? Cela ne revient-il pas pourtant à comparer « des pommes et des oranges », et donc à faire exactement le contraire de ce que le maire lui-même semble pourtant considérer comme étant si fondamental ? Et justement, ne faut-il avouer qu'il s'agit tout simplement de la plus grossière façon de faire dire aux chiffres ce que l'on veut ?

Car si le maire n'emploie la méthode la plus avantageuse qu'à son endroit, que se trouve-t-il donc à faire, sinon à fausser d'avance les résultats de la comparaison, et donc à tricher d'une manière aussi évidente que celle consistant, lors d'un marathon, à partir avec une longueur d'avance sur ses adversaires ?

Et ce n'est pas tout, car pour justifier de telles manipulations des chiffres officiels, le maire Boucher prétend même se demander « où ces chiffres ont été pêchés », bien qu'il sache pertinemment que ceux-ci ne viennent de nul par ailleurs que du Ministère des Affaires Municipales. Mais qui est donc le maire Boucher, pour se permettre de balayer du revers de la main les rapports officiels du gouvernement, avant de s'amuser à triturer ces derniers au moyen de petits tours de passe-passe qui ne seraient pourtant pas sensés impressionner un élève de cinquième année du primaire ?....

Et le voilà continuer ensuite en annonçant, avec tambours battants, qu'il a eu recours à la firme Malette pour obtenir les données lui permettant de s'amuser à fausser la comparaison des finances municipales de l'Anse avec celle d'autres villages au Québec. Comme si le fait de simplement mentionner le nom d'une firme comptable permettait de légitimer une séance de manipulation des chiffres qui ne pourrait pourtant s'avérer plus flagrante ! Et comme si le fait de simplement mentionner le nom d'une firme comptable permettait de faire oublier instantanément la totalité des chiffres officiels du gouvernement, ainsi que des comparaisons que celles-ci permettent d'établir !

Autrement dit, c'est à se demander si le maire prenait donc les Anjeannois, tout comme d'ailleurs l'ensemble des lecteurs du Progrès-Dimanche, pour des imbéciles.

On peut bien comprendre que le maire Boucher préférerait sans doute que l'endettement municipal soit moins élevé. Il a d'ailleurs toute la population pour le comprendre à ce niveau.

Cependant, il lui faudra pourtant comprendre que ce n'est pas en tentant de fausser les données officielles que notre dette municipale de plus de 3 millions viendra à s'effacer comme par magie.

Et pour ce qui est de se sortir d'un cycle de surendettement, ce n'est pourtant pas comme s'il y avait cinquante-six mille moyens, et ce n'est pas non plus comme si c'était pourtant si compliqué. Le vrai remède, tout le monde le connaît, et ce depuis la nuit des temps : il s'agit d'une part d'augmenter ses revenus, et d'autre part de réduire ses dépenses.

Ceci étant dit, on peut comprendre, encore une fois, qu'une telle prescription ne s'avère pas nécessairement si facile à suivre, comme sont d'ailleurs en train de le réaliser la plupart des États, de la Grèce aux États-Unis d'Amérique eux-mêmes.

Mais si le moyen d'assainir un budget est évidente, il en va de même pour ce qui est de la meilleure façon d'empirer un déséquilibre budgétaire, ou n'importe quel problème : il suffit de tout simplement nier ce dernier et faire comme si de rien n'était, en commençant notamment par le camoufler. Et c'est malheureusement cette voie que le maire semble avoir plutôt choisi d'emprunter.

Et pourtant, tout le monde sait que si quelqu'un a pu contribuer à faire ainsi plonger dans le rouge les finances municipales, c'est pourtant le maire Boucher.

Serait-ce pourtant trop lui demander d'en venir un jour à assumer sa responsabilité, en commençant peut-être par admettre l'ampleur du problème qu'il a lui-même créé ?...

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