13/07/2011

Le pouvoir absolu... et ses limites !


Il faut bien reconnaître une chose : le maire Boucher paraît avoir quand même plus d'un tour dans son sac.

Ainsi, ce dernier semble avoir pris soin de transformer en ce qu'on appelle un OBNL (lire ; Organisme à But Non Lucratif) à peu près tout ce qu'il y a d'organismes à l'Anse-St-Jean. Pourquoi ? Peut-être parce que cela permettrait apparemment d'avoir accès à des subventions qui ne pourraient être reçues autrement. Et peut-être aussi parce que cela permettrait d'éviter d'avoir à traiter les employés de tels organismes en tant qu'employés municipaux proprement dits, avec tous les avantages sociaux que cela peut impliquer.

Il n'y a qu'un petit problème que le maire semble cependant avoir oublié.

C'est qu'aux yeux de la loi, un OBNL, pour être justement un OBNL en bonne et due forme, se doit d'être un organisme indépendant. Autrement dit, il devrait pouvoir prendre ses décisions par lui-même, ce qui implique donc de ne pas se voir directement contrôlé par la municipalité.

Et c'est là que le maire, dans l'empressement qu'on lui connaît à étirer l'élastique jusqu'à ce qu'il casse, semble avoir commis l'erreur classique qui consiste à tenter de courir plus d'un lièvre à la fois.

Car en s'organisant pour que des élus municipaux, ou leurs proches collaborateurs, se trouvent à occuper suffisamment de sièges dans les OBNLs pour pouvoir pratiquement contrôler tout ce qui peut s'y décider, il n'aura réussi, dans ce qui s'apparente à une quête du pouvoir absolu, qu'à faire en sorte que de tels organismes cessent justement de constituer des OBNLs, du moins aux yeux de la loi, pour plutôt devenir des organismes municipaux dans tout ce que ceux-ci peuvent avoir de plus banal. Or, il se trouve que ceux-ci ne semblent souvent ne plus alors avoir accès à certaines subventions qui sont justement destinées aux véritables OBNLs, puisqu'il leur faudrait pour cela se trouver à être véritablement indépendants, ou autrement dit « souverains ».

D'ailleurs, il est même quelquefois demandé qu'un OBNL soit créé spécifiquement pour les buts d'un projet en particulier, afin de s'assurer que les subventions qui y seront acheminées seront gérés par ceux qui sont réellement chargés du projet, plutôt que par des politiciens.

Et pourquoi donc ? Tout simplement parce qu'après tout, qui est vraiment le mieux placé pour gérer un organisme donné ? Quelqu'un qui se trouve à compter parmi les premières personnes concernées par la réussite de cet organisme, à être directement impliqué dans son fonctionnement, ou encore à être formé académiquement ou professionnellement dans une discipline reliée aux activités de l'organisme en question ? Ou quelqu'un qui n'a d'autre mérite que d'être un maire ou un conseiller municipal, sinon on ne parle par carrément d'un simple partisan du maire ?

Une chose est certaine, en tout cas, c'est qu'à force d'ainsi surpeupler de collaborateurs de la municipalité les conseil d'administrations des différents organismes anjeannois, le maire ne peut sans doute que nuire à ces derniers, ne serait-ce qu'en les privant ainsi de certaines subventions potentielles. Alors après avoir multiplié les OBNLs dans le but notamment de recueillir certaines subventions, le maire doit maintenant se résoudre, pour avoir voulu carrément assujettir ces organismes à sa volonté personnelle, à se voir finalement... privé d'autres subventions. Pour ce qui est de défaire soi-même ce que l'on a pourtant cherché à faire, on ne pourrait sans doute pas trouver mieux.

Autrement dit, se pourrait-il donc qu'il y ait finalement une limite à vouloir tout contrôler ?

Et pourtant, y a-t-il qui que ce soit qui ira contester la notion que la municipalité puisse se garder un certain « droit de regard » sur ce qui peut se passer dans les organismes impliqués de façon souvent cruciale dans le développement de la communauté ? Et n'est-ce pas d'ailleurs ce que tout bon gouvernement fait habituellement, en nommant par exemple un représentant au conseil d'administration de sociétés telles que la Banque Centrale ou la Caisse de Dépôt, voire même à celui de n'importe quel hôpital ?

Mais justement, n'y a-t-il pas une petite différence entre nommer une personne à un conseil d'administration, et en nommer, disons, 4 sur sept ? Et la petite différence entre ces deux cas ne se trouve-t-elle pas surtout à représenter la différence qu'il peut y avoir entre la « souveraineté » et ce qu'on pourrait peut-être plutôt qualifier de « soumission » ?...

Et voici donc la question du siècle : que voulons-nous donc, au juste, comme population ?

Voulons-nous vraiment d'un maire qui ne semble rechercher que la soumission, et donc ne nous laisser apparemment aucun pouvoir de décision ?

Ou autrement dit, voulons-nous vraiment d'une dictature, ou ne préférerions-nous pas peut-être quelque chose comme une démocratie ?

Car après avoir eu un royaume, puis une dictature à l'Anse-St-Jean, ne resterait-il pas que la démocratie à essayer, après tout ?

Et est-ce qu'un tel système ne risquerait pas de s'avérer passablement plus susceptible d'attirer les touristes, justement ?...


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